Abus sexuels : comment la clinique des auteurs peut-elle venir
en aide à l’accompagnement des victimes ?
Florence CALICIS
Psychologue, psychothérapeute, formatrice à la thérapie systémique au CEFORES, Bruxelles,
membre du Comité de rédaction de Thérapie familiale
Mercredi 2 novembre 2022
9h15 à 17h00
Genève
Prix : Fr. 170.00
(paiement avant le 31.10.2022 : Fr. 150.00)
Délai d’inscription : 28.10.2022
Vous pouvez vous inscrire directement par e-mail : info[at]institutdelafamille.ch
(Important : n’oubliez pas de mentionner votre nom, prénom, adresse et No téléphone ainsi que le No ou le titre de l’atelier)
Présentation :
Le discours de la société sur les abus sexuels me semble empreint de manichéisme : d’un côté des auteurs diaboliques, de l’autre des victimes angéliques, avec toutes les implications limitantes que cela peut avoir sur la pratique clinique. En tant qu’intervenant, se dégager d’une vision binaire pour accéder à davantage de complexité se révèle souvent bien plus productif.
Les auteurs d’abus sexuels que j’ai rencontrés dans le cadre d’un projet thérapeutique d’aide contrainte sous injonction judiciaire, sont généralement d’anciennes victimes de graves négligences et maltraitances, sexuelles ou autres, et/ou de jeux relationnels retors (Mara Selvini parlait de « dirty games »), jamais reconnus. Cela éclaire, mais n’excuse rien : ils n’en sont pas moins responsables de leurs actes, actes d’ailleurs gravement préjudiciables à leur victime. De leur côté, les victimes d’abus sexuels sont souvent aux prises avec d’importants sentiments de honte et de culpabilité, difficiles à exprimer et qui leur gâchent la vie. Elles n’en restent pas moins pleinement victimes, mais s’éprouvent rarement comme telles.
Les enseignements issus de ma pratique avec les auteurs se sont avérés très utiles pour l’accompagnement des victimes d’abus sexuels que je reçois par ailleurs dans le cadre de ma consultation de thérapie systémique « tout-venant », que ce soit en famille, en couple ou individuellement.
On le sait, la majorité des abus sexuels sont perpétrés par des proches de la victime et s’inscrivent alors dans une dynamique relationnelle complexe où, malgré la dimension perverse de l’acte, l’attachement mutuel n’est pas absent. D’où bien souvent une certaine ambivalence amour-haine de la part de la victime à l’égard de l’abuseur. Dès lors, en diabolisant l’abuseur, nous n’aidons pas la victime à élaborer la complexité de son vécu, à comprendre pourquoi elle a tardé à révéler les faits, ni à appréhender les sentiments de honte et de culpabilité qu’elle a pu éprouver, aussi infondés soient-ils. De plus, nous verrons que cette relation duelle doit s’envisager dans une histoire familiale plus vaste – parfois même transgfénérationnelle – avec de multiples enjeux relationnels à mettre en lumière.
Des pistes d’intervention intégrant cette complexité seront proposées notamment au travers d’illustrations cliniques d’auteurs et de victimes et ce, dans des dispositifs et formats thérapeutiques multiples : groupe, famille, individuel.
Lectures suggérées :
- Calicis F. et Mertens M. (2008) : « Une expérience de thérapie de groupe pour auteurs d’infraction à caractère sexuel. Comprendre pour changer et gagner en respect et en liberté, pour soi, comme pour l’autre. », Thérapie familiale, Genève, vol. 29, N°2, pp. 209-22
- Calicis F. (2010) : « Remise en jeu des représentations dans la rencontre thérapeutique », Thérapie familiale, Genève, Vol. 31, N°4, pp. 319-337
- Calicis F. (2014) : « Le groupe, c’est un amplificateur de pensées ». Petit compte rendu de quelques séances de thérapie de groupe pour auteurs d’infractions à caractère sexuel autour du thème des séquelles des abus sur leurs victimes, », Thérapie familiale, Genève, Vol. 35, N°1, pp. 89-105
- Calicis F. (2021) : « Abus sexuels : comment la clinique des auteurs vient en aide aux victimes », Thérapie familiale, Genève, Vol. 43, N°2, pp. 89-111